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La France " fait son possible" pour Fleutiaux

PARIS, 10 mai (Reuters) - La France fait tout son possible pour obtenir la libération de Brice Fleutiaux, retenu en Tchétchénie depuis sept mois, a fait savoir mercredi l'Élysée, répondant ainsi aux inquiétudes exprimées par l'épouse du photographe, Dana.

La mère de l'otage, Monique Fleutiaux, a sollicité mardi un nouveau rendez-vous avec Jacques Chirac, qui répondra "vraisemblablement" positivement, a-t-on indiqué à l'Élysée.

Le chef de l'État avait déjà reçu la famille du photographe le 13 janvier.

On a assuré, de même source, que "la France fait tout son possible pour la libération de Brice Fleutiaux" et que "nul ne peut donc supputer sur d'éventuels blocages qui seraient imputables aux autorités françaises".

Le ministère des Affaires étrangères a également indiqué mercredi que "la mobilisation" était "constante" en faveur du photographe.

Dana Fleutiaux, l'épouse de l'otage français a confirmé, lors d'un point de presse dans les locaux de Reporters sans frontières (RSF) mercredi, qu'il avait pu entrer en contact avec sa famille le 23 avril par téléphone satellite.

Mais elle a estimé que "les choses (étaient) bloquées" et a dit commencer "à se poser des questions". "Les autorités savent où est Brice et savent ce qu'ils (les ravisseurs) veulent", a dit Dana Fleutiaux.

Pour elle, les ravisseurs ont laissé le photographe contacter sa famille pour "essayer d'accélérer le processus" de négociations. Le photographe a appelé à deux reprises. Ne trouvant personne chez sa mère, il avait d'abord laissé un message sur répondeur, avant de rappeler.

Dana Fleutiaux a précisé que la cassette du message reçue par la famille pendant le week-end de Pâques avait été remise au Quai d'Orsay, qui avait alors conseillé la discrétion.

Lors de cette conversation de deux ou trois minutes, le photographe aurait confirmé se trouver en Tchétchénie et dit tout ignorer de ce qui se passait en France ou ailleurs.

 

"Indécision dramatique", selon RSF

 

Il aurait ajouté ne rien savoir "des actions à entreprendre pour obtenir sa libération" et demandé de l'aide "pour que se termine son calvaire au plus vite".

Dans un communiqué, RSF estime que le blocage évoqué par l'épouse du photographe "se fait au niveau des plus hautes autorités françaises".

L'association, qui cite des informations venant de diverses sources russes et françaises proches du dossier, estime qu'un "geste semble être demandé" à Paris par Moscou mais "qu'aucune décision n'est prise".

"L'indécision peut avoir des conséquences dramatiques. Ces mêmes autorités laisseraient la situation stagner en cherchant une alternative à un accord politique, qui, nous affirme-t-on, assurerait la libération de Brice", a déclaré Robert Ménard, responsable de RSF.

Selon lui, les autorités françaises ne jugeraient pas acceptables toutes les exigences des ravisseurs.

Priée de dire si elle était également critique à l'égard du Quai d'Orsay, Dana Fleutiaux a répondu: "Oui, je crois que c'est à eux de faire quelque chose".

Elle a précisé avoir gardé le silence sur l'appel de son époux car on lui avait affirmé, au retour d'un voyage à Moscou, que "les choses allaient arriver très vite".

Parti de Toulouse en septembre 1999 pour Ankara, Brice Fleutiaux a gagné la Tchétchénie le 1er octobre au matin et a tenté d'entrer en contact avec la présidence tchétchène, à Grozny. Sa trace a été perdue dans l'après-midi.

Le photographe semble avoir été enlevé par l'une des bandes armées qui sévissent dans la région. Il serait actuellement détenu dans le sud de la République indépendantiste.