Tchétchénie
La famille de
Fleutiaux s'inquiète d'un blocage
PARIS, 10 mai (Reuters) - Dana Fleutiaux, l'épouse
de l'otage français retenu en Tchétchénie depuis sept mois, a décidé d'alerter
à nouveau l'opinion mercredi sur le sort du photographe en raison du blocage
apparent des négociations.
Elle a confirmé, lors d'un point de presse
dans les locaux de Reporters sans frontières (RSF), que Brice Fleutiaux avait
pu entrer en contact avec sa famille le 23 avril à l'aide d'un téléphone
satellite.
"On sent que les choses sont bloquées et
on commence à se poser des questions. Les autorités savent où est Brice et
savent ce qu'ils (les ravisseurs) veulent", a déclaré Dana Fleutiaux.
Elle a estimé que les ravisseurs avaient
laissé le photographe contacter sa famille - en laissant notamment un message
sur un répondeur avant de joindre sa mère - pour "essayer d'accélérer le
processus" de négociations.
Dana Fleutiaux a précisé que la cassette du
message reçue par la famille pendant le week-end de Pâques avait été remise au
Quai d'Orsay, qui avait alors conseillé la discrétion.
Lors de cette conversation de deux ou trois
minutes, le photographe aurait confirmé se trouver en Tchétchénie et dit tout
ignorer de ce qui se passait en France ou ailleurs.
Il aurait ajouté ne rien savoir "des
actions à entreprendre pour obtenir sa libération" et demandé de l'aide
"pour que se termine son calvaire au plus vite".
Dans un communiqué, RSF estime que le blocage
évoqué par l'épouse du photographe "se fait au niveau des plus hautes
autorités françaises".
L'association, qui cite des informations
venant de diverses sources russes et françaises proches du dossier, estime
qu'un "geste semble être demandé" à Paris par Moscou mais
"qu'aucune décision n'est prise".
"L'indécision peut avoir des
conséquences dramatiques. Ces mêmes autorités laisseraient la situation stagner
en cherchant une alternative à un accord politique qui, nous affirme-t-on,
assurerait la libération de Brice", a déclaré Robert Ménard, responsable
de RSF.
Selon lui, les autorités françaises ne
jugeraient pas acceptables toutes les exigences des ravisseurs.
Priée de dire si elle était également
critique à l'égard du Quai d'Orsay, Dana Fleutiaux a répondu: "Oui, je
crois que c'est à eux de faire quelque chose".
Elle a précisé avoir gardé le silence sur
l'appel de son époux car on lui avait affirmé, au retour d'un voyage à Moscou,
que "les choses allaient arriver très vite".
Parti de Toulouse en septembre 1999 pour
Ankara, Brice
Fleutiaux a gagné la Tchétchénie le 1er octobre au
matin et a tenté d'entrer en contact avec la présidence tchétchène, à Grozny.
Sa trace a été perdue dans l'après-midi.
Le photographe semble avoir été enlevé par l'une des bandes
armées qui sévissent dans la région. Il serait actuellement détenu dans le sud
de la République indépendantiste.