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MOSCOU, 4 fév (AFP) - La France a rappelé vendredi à Vladimir Poutine son malaise face à la guerre en Tchétchénie, mais a cherché à ménager le dirigeant russe, ulcéré par les critiques françaises, en l'invitant à Paris après l'élection présidentielle du 26 mars.
Venu à Moscou dans la foulée de ses homologues italien, allemand et américain pour prendre contact avec Vladimir Poutine, le chef de la diplomatie française Hubert Védrine a été reçu en audience pendant plus d'une heure et demie au Kremlin par le successeur de Boris Eltsine.
L'homme lui a fait forte impression. "Le président par intérim m'a donné le sentiment de quelqu'un d'extrêmement déterminé. Il me parait avoir une conscience aiguë et précise des relations internationales, de la situation du monde d'aujourd'hui et de la situation de son pays", a-t-il commenté lors d'une conférence de presse commune avec son homologue russe Igor Ivanov.
"M. Poutine m'a exposé avec beaucoup de conviction et de clarté la politique russe et son analyse de la situation dans le Caucase du nord", a raconté Hubert Védrine.
"Je lui ai renouvelé l'appel de la France pour une solution politique en Tchétchénie et je lui ai dit que le moment était venu de définir un statut pour l'avenir de la Tchétchénie dans la Fédération de Russie", a-t-il précisé.
"M. Poutine a écouté avec beaucoup d'attention et a répondu avec beaucoup de conviction, de détermination et de franchise. Je crois extrêmement utile d'avoir eu cette explication", a-t-il souligné.
En fait, la rencontre a été assez tendue et Vladimir Poutine souvent glacial, selon un participant à l'entretien.
Le dirigeant russe en veut à la France pour ses critiques et ne les comprend pas car les autres partenaires européens se sont montrés "plus arrangeants", a-t-il souligné, sous couvert de l'anonymat.
L'argumentation de Poutine est que "la Russie est à la tête de la lutte mondiale contre +l'Afghanisation+ de la région" du Caucase, et "il est convaincu" de cet argument, a-t-il indiqué.
Igor Ivanov s'est fait l'écho de cette tension lors de la conférence de presse. "La critique en tant que telle n'est pas un problème. Elle est tout à fait normale en démocratie", a-t-il déclaré. "Ce qui est désolant, c'est la mauvaise compréhension des mesures prises par les autorités russes", a-t-il déploré.
"L'opération militaire ne se déroule pas selon un calendrier préparé à l'avance, mais en fonction de la situation", a-t-il affirmé, répondant directement aux accusations de manipulation.
"Le gouvernement n'avait pas d'autre solution, pas d'autre voie. Nous espérons que nos partenaires nous comprendront", a-t-il insisté.
La France veut éviter de se brouiller avec les dirigeants russes. "Notre relation avec la Russie est essentielle. C'est une relation très ancienne qui ira loin", a assuré Hubert Védrine. "Quand nous rencontrons des problèmes, nous devons en parler, nous en expliquer le mieux possible", s'est-il justifié.
Une fois passé l'orage sur la Tchétchénie, l'entretien a été beaucoup moins passionné, a-t-on précisé. Mais aucune avancée n'a été enregistrée sur le sort du photographe français Brice Fleutiaux, enlevé dans le Caucase en octobre. Son cas a été évoqué, mais "Vladimir Poutine n'a pas fait de promesses", a-t-on appris.
Le dirigeant russe a en revanche montré de l'intérêt pour l'idée française d'engager une réflexion sur l'aide financière et économique internationale à la Russie.
Vladimir Poutine a également marqué sa satisfaction devant les attentions des dirigeants français à son égard et, pour marquer le coup, il a autorisé Igor Ivanov à rendre publique la lettre du président Jacques Chirac l'invitant en France après l'élection présidentielle.
csg/abm tf
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